Les chansons qu'interprète La Harde sont issues de collectages réalisés essentiellement sur un territoire, le Massif Central. Le thème omniprésent de ces chansons traditionnelles tantôt en français, tantôt en occitan, s’inscrit dans un rapport à l'autre.
Ce ciné-concert provient avant tout de l’envie de venir faire dialoguer ce répertoire musical avec un registre d’images d’archive, plus international. Ces images du domaine publique, pour la plupart issues des Trente Glorieuses de par le monde, empruntent tant au film de famille, et tissent ainsi un certain lien avec la pratique de collectage, qu’à l’archive télévisuelle, au documentaire animalier ou encore à des objets d’études ou de recherches scientifiques. Elles tendent par principe d’analogie et d’assimilation vis-à-vis des textes et musiques, à construire une narration commune, déployant à la fois un univers sonore et visuel poétique, mais aussi critique, en l’ancrant dans des problématiques et réflexions plus contemporaines.



La Harde est une troupe de bêtes sauvages. On en aime le nom, hérissé, coupant, comme un lever de hallebardes, comme une calligraphie gothique. La Harde c’est aussi la rencontre entre le duo Faune et le cinéaste Gregoire Orio. Le premier, composé de Jacques Puech (chant, cabrette, harmonium, pieds) et Guilhem Lacroux (guitare, lap steel, pédalier d’orgue) maraude, glane et collecte. Son répertoire est son butin. Des chansons sans auteur et d’âge plus ou moins lointain, du Massif Central. Des mélodies anguleuses et des paroles amères ou lumineuses où l’amour s’enfuit en français, les oiseaux reviennent en occitan, le jour recommence, rien ne va, tout va : la vie. Tout un quotidien primitif saisi dans son gros grain puis modulé par un interprète dont l’ampleur, les mélismes souples, le souffle et les chandelles évoquent les grands chanteurs carnatiques, quelque veillée hallucinatoire, le tir à l’unisson de milles carreaux par mille arbalètes vers le ciel, cette ecchymose. L’instrumentation est à la fois cochère, cavalière et chevaline. De saillies brutales en méchants bourdons dérapant dans les flaques d’huiles et les glissandi, psychédélique et âpre elle rue, tire et râle, fait monter des vapeurs dans les images elles aussi glanées, collectées, puis jetées là, sur les chansons. Ce sont des images en noir et blanc, parfois légères, parfois violentes et pour la plupart issues des Trente glorieuses de par le monde, films de famille ou archives télé, petits films scientifiques ou documentaires animaliers et dans lesquelles Gregoire Orio fait jouer ses lumières et ses fumées, sculptant la Ténèbre ou la perforant. De La Harde, Orio est l’éclairagiste spirite, le projectionniste forain et peut-être
même le batteur puisque il semble parfois que c’est sur son lancer d’ombres que le duo cale son tempo, se cadre et donne du pied. La Harde retourne le concept de ciné-concert en espèce de caverne platonique, grand récital blues et messe profane où rien n’est le faire-valoir de rien, encore moins la béquille et où, bien au contraire, tout s’entrelace, s’abouche et se contamine pour révéler des espaces, des durées, puis les faire plier.


Florian Cashera


Création de ciné-concert proposée par La Nòvia
En partenariat avec Mémoire - Ciclic Centre Val de Loire

Musique FAUNE (Guilhem Lacroux et Jacques Puech)
Montage de films d'archives Grégoire Orio











DATES


07-02-2024 Festival Court-Métrage / Clermont Ferrand (FR)
08-12-2023 Festival ArtBox CRRn / Annecy (FR)
14-10-2022 Le Lieu-Dit / Clermont-Ferrand (FR)
12-03-2022 Isola Records / Die (FR)
11-03-2022 Le Tremplin / Beaumont (FR)